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07/07/2013

Cinéma : l’inexorable Géodisation




Pendant 60 ans, la télévision a été le cinéma du pauvre. A petit écran, petit contenu et petite émotion.

Le cinéma conservait 3 atouts majeurs :
  1. Le Spectaculaire
  2. Le Glamour
  3. La Transgression
Le Spectaculaire venait du budget : le budget d'un épisode de série TV représentait une fraction infinitésimale du budget d'un long-métrage.

Le Glamour venait des acteurs : les acteurs de cinéma ne frayaient que rarement avec la télévision, et on avait d'un côté des "icônes" et de l'autre, des "figures populaires". Le gouffre qu'il y avait entre Al Pacino et Paul Michael Glaser (Starsky).

La Transgression venait du contenu et de la pénétration consentie de celui-ci au sein de la famille : on a longtemps considéré que, à l'inverse de la télévision qui trône au centre du foyer, le fait d'acheter un billet de cinéma valait consentement, et de ce fait, on y trouvait du contenu parfois extrême. De fait, on n'entre pas dans un cinéma X pour se plaindre ensuite de la nudité choquante des acteurs. Et donc, la télévision, de par son accessibilité aux enfants à des catégories indistinctes de population, était tenue à une sorte de Plus Petit Dénominateur Commun, à une réserve —une tiédeur— de bon aloi. La fameuse dimension "fédératrice".

Tout a changé à partir des années 2000. Et tout va encore changer dans les années 2020.

La télévision a, un a un, conquis tous les territoires du cinéma, sauf un, et ce n'est qu'une question de temps : nous y reviendrons. 

La Transgression appartient désormais à la télévision. Sans doute est-ce dû à l'éducation du public, désormais habitué à ne plus considérer la télé comme un robinet ouvert sur l'ensemble de la famille, et qui a changé de paradigme, pour se rapprocher de l'usage qu'on a toujours fait des livres : dans toutes les familles, il y a toujours eu des livres "qui n'étaient pas pour les enfants", et ils sont généralement disposés de façon à les en tenir éloignés. On a davantage pris l'habitude de considérer qu'il y a des programmes pour les enfants et d'autres qui ne le sont pas, et plus personne ne songe à blâmer le diffuseur —souvent une chaîne à péage, on retrouve le paradigme du cinéma X où le spectateur demeure volontaire, donc reponsable de ses choix—  pour avoir diffusé du contenue choquant. La multiplicité vertigineuse des chaînes a segmenté le public de facto, faisant que chacun sait ce qu'il va trouver et ne peut plus s'en plaindre : "si vous n'aimez pas, changez de chaîne".  Résultat : il y a plus de transgression —et par là même, souvent plus de création artistique— dans un épisode de "House of Cards", "Mad Men" ou "Californication" que dans la grande majorité de la production cinéma. Le cinéma perd dont ce territoire.

Le Glamour : les budgets télévision vont croissant, et permettent d'engager de grands acteurs venus du cinéma. La télévision débauche des icônes : Glenn Close dans "Damages", Kevin Spacey dans "House of Cards", Steve Buscemi dans "Boardwalk Empire", etc. Et ce n'est que le début. Steven Spielberg le disait il y a un mois avec George Lucas : "Lincoln" est passé "à ça" de se faire à la TV. Prochaine étape : Tom Hanks, Al Pacino, De Niro, etc.

Reste le Spectaculaire. Ce n'est qu'une question de budget. Il suffit de voir la croissance impressionnante des budgets de séries TV pour voir que la courbe ne s'arrêtera pas là. A terme, Roland Emmerich pourra faire "Le Jour d'Après" en 10 épisodes TV, comme Spielberg et Hanks ont fait "Band of Brothers". Question de temps.

Que reste-t-il au cinéma ? La Géode.
On ira toujours voir, une ou deux fois par an, Tyrannosaure Rex 3D à la Villette ou dans une salle iMAX, parce qu'on n'a pas un équipement comparable à la maison. Ce qui, à son tour, sera encore une question de temps.

Les notions de "être ensemble", de "sortir le soir" vont simplement évoluer. On ira boire des verres, on ira manger, on ira traîner —fût-ce au centre commercial du coin, devenu accueillant et convivial— mais cela paraîtra aussi singulier de le faire entre amis ou en couple que ça l'est d'aller à l'Opéra ou au Théâtre. L'affaire d'une à deux fois par an.

70 ans sont passés depuis l'avènement de la TV de masse. Aux USA —toujours les fameux 15 à 20 ans d'avance— la bataille est en train d'être gagnée par la TV, qui a tout pris au cinéma. En France, ça commence.

Mais se pose la même question que pour Samsung copiant Apple : quand on copie quelqu'un, on le réduit à la misère, on finit par le détruire. Et alors, qui copier ?

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© 2013 - Héctor Cabello Reyes

29/04/2013

The Gutenberg Paradox


It's marvellous.

In the medieval times, a merchant spoke at least four languages, and a peasant at least two. 
In 2013, computers speak to each other : Web servers with http connected clients, FTP servers with connected upload/download clients, BitTorrent servers with unpaying audiences, etc... Computers are indeed connected. People aren't.

Why ? Because people still don't learn languages : a bit of english is enough. They don't read anymore : news reading on a RSS feed isn't reading, it's just spending time in the tube. They don't memorize things, they just memorize passwords.
Yet people claim to be ultra-connected with the world, and feel ultra-informed. 

What's the use of Wikipedia if no one is able to write its articles ?

That's the Gutenberg Paradox : Google and Internet is considered as the "Gutenberg II Revolution", for the First Gutenberg Revolution is the landmark of the mass spreading of culture. What we are facing now 
probably is the exact opposite. It may be the first mass spreading of inculture.

15/02/2013

Les producteurs, les auteurs et le Gouden Eeuw : si le crime ne paie pas, le travail encore moins.




Le paysan extrait toujours de ses mains (forcément calleuses, comme le veut le cliché littéraire) la matière première. S'il vit en Occident, la technologie a permis de rendre son travail moins pénible. S'il travaille sur les bords du Nil, au Pendjab ou dans la vallée centrale chez moi, au Chili, le travail reste le même que dans les premiers épisodes de "Il Etait Une Fois L'Homme", quand on passe de la chasse à l'agriculture.

Une chose demeure constante : le paysan, quelle que soit son outil, peut compter sur le fait qu'il ne tirera jamais aucun profit réel de son travail. Nulle part, jamais.

On est même obligé de forcer le système économique, par le biais d'associations, à lui reverser —au maximum— quelque chose d'équitable. Quant à avoir une position de force c'est, évidemment, un doux rêve.

A l'autre extrémité du monde, de petits pays, sans surface agricole ou presque, ont fait fortune. Ils achètent cette matière première. A partir de là, deux choix, tous deux parfaitement rentables : ils la revendent ou ils la transforment, et la revendent ensuite. Un pays, au-dessus de tous les autres, a accompli la prouesse d'être une chiure de mouche sur la mappemonde et de se gorger d'or. C'est la Hollande du XVIIIe siècle, dont ce fut le siècle d'or, le Gouden Eeuw.

J'aime à imaginer ce qu'un martien, ne connaissant rien à rien et n'ayant pour lui que le simple bon sens, dirait en découvrant notre monde. Et devant le schéma décrit plus haut (matière première = zéro / revente et transformation = $), je pense qu'il dirait juste : "pourquoi c'est comme ça ?".

Je me suis posé la question, car je pense que, fondamentalement, les auteurs fournissent la matière première pour l'écran. Les producteurs, quant à eux, achètent et revendent cette matière première, ou, mieux, la transforment et la revendent. Tous les producteurs ne gagnent pas énormément d'argent. Mais les auteurs, eux, en gagnent très peu, et surtout, je n'ai jamais rencontré de ma vie un producteur pauvre.

Alors pourquoi ?
Le paysan est fixe, il est attaché à son lieu de production. Il a un produit, il en est dépendant.
Le commerçant néerlandais n'est attaché à aucun produit. Il n'est attaché à aucun lieu, il est mobile.
Le commerçant vient trouver le paysan. Il établit un rapport de 1 à 1. Moi face à Toi.
Le cultivateur n'a pas d'alternative, donc pas de concurrence en sa faveur.
Le commerçant, par sa mobilité, peut aller trouver le plus offrant. Il fait le lien entre celui qui a le plus besoin de vendre son produit, et celui qui a le plus besoin dudit produit. Il entre sur le marché, dans un rapport de 1 à N, donc de Lui à l'Infini. La concurrence joue à plein.

L'auteur est, généralement, lui aussi attaché à son produit : son histoire. Il a beau en avoir plusieurs, il est forcément limité par sa capacité de production. Le producteur, lui, peut choisir au sein d'un nombre quasi infini de projets. La concurrence joue pour lui.
L'auteur doit démarcher les producteurs, cela lui prend un temps et une énergie qui luttent directement, dans un cercle vicieux souterrain, contre sa propre capacité de production.
Le producteur, lui, doit aussi démarcher, mais le nombre de distributeurs et de guichets de financement est réduit. De plus, il peut présenter un grand nombre de projets : les statistiques jouent pour lui. Son travail, comme le représentant de Jacques Vabre dans une publicité des années 80 merveilleusement détournée par les Nuls, consiste à savoir détecter la bonne matière première. Le travail fourni n'est pas, mais pas du tout, le même que celui qui de ses mains (toujours calleuses, pourquoi ça se serait arrangé ?), arrache à la terre le fruit du labeur (j'aime les images bibliques pétainistes vers l'heure du déjeuner).

J'ai pas de solution. Sinon peut-être que les producteurs et les auteurs s'associent au lieu d'établir des rapports de fournisseur à client. Les acteurs US le font : ils ont leur propre société de production. Mais les producteurs n'ont pas énormément de raison de le faire, puisqu'ils tiennent actuellement le couteau par le manche. Reste aux auteurs à trouver comment s'établir sur une position de force. Et créer ainsi, je l'espère, une nouvelle Compagnie des Indes, détenue à 50/50 par les marchands hollandais, et les cultivateurs de thé de Ceylan...

Le Critique et l'Humus




Il y a, tous les ans à peu près, un ou deux moments où je passe devant un kiosque à journaux, une affichette ou une colonne Morris et où, malgré la pluie ou le froid, je m'arrête net, et je reste les jambes coupées. Ce phénomène a beau se répéter, je ne parviens pas à m'y habituer. A chaque fois, les deux mêmes questions m'assaillent :
-"comment peuvent-ils se regarder dans une glace ?"
-"quel psy dénouera un jour l'écheveau des névroses de la critique française ?"

Comment est-il possible qu'un des plus grands génies comiques français se retrouve en couverture d'un magazine qui l'a vilipendé toute sa vie durant et qui n'hésite pas, aujourd'hui, à "effacer" cette période et à réécrire l'histoire en se vautrant dans l'hommage ? Quand ce n'est pas un magazine ou un journal, c'est la cinémathèque qui organise une rétrospective consacrée à un réalisateur de comédies ou de films de série Z qui, à l'époque, aurait pu pousser Henri Langlois à s'immoler par le feu devant tant de vulgarité ou de vacuité.

On oublie les insultes et le mépris comme on efface Trotsky des photos officielles russes. Mais surtout, cela pose question :
-Pourquoi, dans un premier temps, mépriser systématiquement la comédie et, à travers elle, un genre du peuple  (au sens de "populaire").
-Pourquoi, dans un second temps, se renier ?
-Pourquoi, ensuite, nier qu'on s'est renié ?

Je comprends parfaitement (même si ça me dépasse un peu) qu'un critique conspue un film comme "Le Jouet" de Francis Veber, ou "Le Petit Baigneur" de Robert Dhéry. Qu'il honnisse, en son temps, telle pièce à succès de Pagnol, ou même, tiens, plus près de nous, qu'il vomisse devant les grossièretés proférées par Jean-Marie Bigard, ou le beauf incarné par Fernand Raynaud. Je comprends qu'on juge Blake Edwards en dessous de la ceinture, ou qu'un critique de 1959 soit révulsé par l'écriture de Billy Wilder et Izzie Diamond. Je comprends qu'on trouve Paul McCartney léger ou Michael Jackson "bassement commercial".  Tout cela est normal, les critiques font leur métier. C'est leur droit, et si c'est honnête, tout va bien. Tant pis pour eux, à la limite.

Je comprendrais parfaitement que, 40 ans plus tard, le même critique dise : "Il en va des films comme de la chimie : les mêmes cause produisent les mêmes effets. Et donc, c'était de la merde, c'est toujours de la merde, ce sera toujours de la merde".

Mais non seulement je constate —toujours sous la pluie et dans le froid, pétrifié devant la colonne Morris— que ces gens méprisent jusqu'à leur propre parole ou école de pensée (car ce ne sont pas les mêmes, dans la mesure où il s'écoule 25 ans entre pilori et hommage, mais ce sont les mêmes journaux, les mêmes institutions, les mêmes magazines), mais qu'en plus, ils n'ont même pas la dignité de faire amende honorable en place publique. Car il ne s'agit pas de dire "De Funès est un génie". D'abord, tout le monde le sait (eux y compris, d'où leur triste névrose), on ne nous apprend rien. Mais on fait comme si tout était normal. Il ne s'est rien passé.

Ne s'agirait-il pas plutôt de dire "Nous avons insulté cet homme, nous l'avons méprisé, nous nous sommes trompés. A présent qu'il est mort, nous voulons lui rendre hommage".

Car il semble bien que tout réside là, dans ce mot antinomique en théorie avec la comédie : le mot "mort". Elle n'est écrite nulle part, vous ne la lirez jamais telle quelle, mais c'est une loi scrupuleusement appliquée partout en Occident, et plus particulièrement en Europe, avec une pointe très précise en France : "celui qui est aimé par les gens sera méprisé de son vivant, et, après un purgatoire d'une génération, sera célébré post-mortem".

De Chaplin à Michael Jackson, en passant par Pierre Richard et Molière, l'humus stimule la bienveillance du critique, comme si le corps de l'ennemi, désormais inoffensif, l'amenait à baisser sa garde et à admettre qu'il est lui aussi, le critique, quelqu'un comme les autres. 

07/01/2013

Les outils du créatif



Pour commencer, j'ai privilégié les logiciels compatibles Mac/Windows.

(j'aurais pu inclure Linux dans ce critère, étant personnellement interessé par cette plate-forme, surtout Ubuntu, mais elle est encore confidentielle et des logiciels incontournables pour les auteurs, comme Final Draft, n'y existent pas encore).

Première chose : le logiciel parfait n'existe pas, et de loin.
Le principe même de la carte mentale est de refléter au plus près notre façon de penser, ce qui est à la base un concept abstrait. On ne pourra non seulement jamais représenter exactement notre façon de penser, mais de plus, chacun a la sienne.

Moi, par exemple, je suis à l'aise avec le format horloge : chaque chiffre sur le cadran représente non plus une heure, mais une étape du projet, et ainsi d'un coup d'oeil, comme sur un camembert dans un tableur, je vois si j'en suis au quart, à la moitié, ou bientôt à la fin.


(je ne suis pas le seul, les scénaristes de "Mission: Impossible III", Alex Kurtzman et Roberto Orci, en parlaient sur "the Screenwriter's podcast").

Aucun logiciel ne propose cela pour l'instant. Ils proposent pour la plupart une vue "en étoile" ou "radiale", mais celle-ci ne suit pas réellement un cercle et ne saurait donc remplir cette fonction.

A un autre stade du développement, j'ai besoin de passer par le format "timeline", qu'utilisent les logiciels de montage vidéo ou audio (on appelle aussi ces derniers "séquenceurs", et c'est une appellation qui, pour un auteur, prend tout son sens).



Des lignes horizontales de différentes couleurs représentent les intrigues et/ou les personnages, depuis le début jusqu'à la fin. Pour des projets autres que l'écriture, on retrouve aussi la timeline dans les logiciels de gestion de projets, comme Gantt Project ou MS Project. Je déplore n'avoir pas encore réussi à m'en servir en développement.



Ces deux cas, l'horloge et la timeline, ne sont que des exemples, il en existe bien d'autres, ceux-là me sont simplement parlants. A ma connaissance, aucun logiciel à l'heure actuelle ne permet de présenter une carte visuelle de l'une de ces deux façons, et encore moins de pouvoir basculer en un clic de l'une à l'autre. Sur un tableur, on peut basculer ainsi d'un camembert à un histogramme instantanément : je rêve qu'un jour quelqu'un le fasse, je serais prêt à payer cher pour ce logiciel. (Ou, mieux encore, à payer quelqu'un pour le faire et ainsi gagner de l'argent en vendant mon propre outil).
A l'heure actuelle, un logiciel selon moi se détache des autres : XMind.

D'autres existent, et tout à fait intéressants, on les verra plus loin, mais celui-là offre 3 avantages décisifs :
-il est gratuit dans sa version de base —et suffisante pour 90% des gens.
-il est compatible toutes plateformes Mac/PC/Linux (et même iPad, via le logiciel "iThoughts HD")
-il offre plusieurs modes de visualisation, qui, sans être parfaits, sont efficaces.


A noter que XMind propose une version payante qui offre plus d'options d'export (notamment vers Word ou traitement de texte compatible), mais la version gratuite permet, via une astuce que je publierai prochainement, de pallier cette limite.

Il y a ensuite d'autres logiciels Open Source, gratuits, comme FreePlane (anciennement FreeMind)

On trouve facilement des ressources (des modèles de cartes par exemple) pour ces logiciels, qui sont compatibles entre eux (FreePlane est un standard) :

J'ai longtemps été adepte et même partenaire de NovaMind, qui était le plus prometteur, mais ils ont abandonné leur version "screenwriter", qui intégrait un mini FinalDraft dans le soft, et permettait ainsi d'y écrire jusqu'aux dialogues. Hélas, la version ne supportait pas le français, et c'est désormais du passé. Cela reste un bon logiciel de MindMapping, mais payant, et du coup, moins intéressant que XMind, à l'heure actuelle.

Pour autant, puisqu'il s'agit ici d'aider chacun à trouver chaussure à son pied, je ne peux que conseiller des logiciels de conception de diagrammes, qui par certains aspects se rapprochent beaucoup de l'usage qu'on peut faire des cartes mentales. Pour un auteur, cela est intéressant pour visualiser des liens de cause à effet, ou des réseaux de relations interpersonnelles, qui, fort poétiquement, peuvent s'apparenter à des circuits électroniques...
Un des plus répandus, sont OpenSource, est VUE et yEd.

Dans un prochain article, l'outil le plus extraordinaire qu'il me soit donné d'utiliser : Evernote.

Les outils techniques et créatifs



Pour commencer, j'ai privilégié les logiciels compatibles Mac/Windows.

(j'aurais pu inclure Linux dans ce critère, étant personnellement interessé par cette plate-forme, surtout Ubuntu, mais elle est encore confidentielle et des logiciels incontournables pour les auteurs, comme Final Draft, n'y existent pas encore).

Pour commencer, le logiciel parfait n'existe pas, et de loin.
Le principe même de la carte mentale est de refléter au plus près notre façon de penser, ce qui est à la base un concept abstrait. On ne pourra non seulement jamais représenter exactement notre façon de penser, mais de plus, chacun a la sienne.

Moi, par exemple, quand je réfléchis à un projet, je suis à l'aise avec le format horloge : chaque chiffre sur le cadran représente non plus une heure, mais une étape du projet, et ainsi d'un coup d'oeil (un peu comme sur un graphique en forme de camembert dans un tableur) je vois si j'en suis au quart, à la moitié, ou bientôt à la fin. (je ne suis pas le seul, les scénaristes de "Mission: Impossible III", Alex Kurtzman et Roberto Orci, en parlaient sur "the Screenwriter's podcast"). Aucun logiciel ne propose cela pour l'instant. Ils proposent pour la plupart une vue "en étoile" ou "radiale", mais celle-ci ne suit pas réellement un cercle et ne saurait donc remplir cette fonction.

A un autre stade du développement, j'ai besoin de passer par le format "timeline", qu'utilisent les logiciels de montage vidéo ou audio (on appelle aussi ces derniers "séquenceurs", et c'est une appellation qui, pour un auteur, prend tout son sens).

Des lignes horizontales de différentes couleurs représentent les intrigues et/ou les personnages, depuis le début jusqu'à la fin. Pour des projets autres que l'écriture, on retrouve aussi la timeline dans les logiciels de gestion de projets, comme Gantt Project ou MS Project. Je déplore n'avoir pas encore réussi à m'en servir en développement.

Ces deux cas, l'horloge et la timeline, ne sont que des exemples, il en existe bien d'autres, ceux-là me sont simplement parlants. A ma connaissance, aucun logiciel à l'heure actuelle ne permet de présenter une carte visuelle de l'une de ces deux façons, et encore moins de pouvoir basculer en un clic de l'une à l'autre. Sur un tableur, on peut basculer ainsi d'un camembert à un histogramme instantanément : je rêve qu'un jour quelqu'un le fasse, je serais prêt à payer cher pour ce logiciel. (Ou, mieux encore, à payer quelqu'un pour le faire et ainsi gagner de l'argent en vendant mon propre outil).

A l'heure actuelle, un logiciel selon moi se détache des autres : XMind.

D'autres existent, et tout à fait intéressants, on les verra plus loin, mais celui-là offre 3 avantages décisifs :
-il est gratuit dans sa version de base —et suffisante pour 90% des gens.
-il est compatible toutes plateformes Mac/PC/Linux (et même iPad, via le logiciel "iThoughts HD")
-il offre plusieurs modes de visualisation, qui, sans être parfaits, sont efficaces.

Il y a ensuite d'autres logiciels Open Source, gratuits, comme FreePlane (anciennement FreeMind), mais assez moches… En même temps, c'est gratuit, donc critique interdite.

On trouve facilement des ressources (des modèles de cartes par exemple) pour ces logiciels, qui sont compatibles entre eux : FreePlane est un standard :

J'ai longtemps été adepte et même partenaire de NovaMind, qui était le plus prometteur, mais ils ont abandonné leur version "screenwriter", qui intégrait un mini FinalDraft dans le soft, et permettait ainsi d'y écrire jusqu'aux dialogues. Hélas, la version ne supportait pas le français, et c'est désormais du passé. Cela reste un bon logiciel de MindMapping, mais payant, et du coup, moins intéressant que XMind, à l'heure actuelle.

A noter que XMind propose une version payante qui offre plus d'options d'export (notamment vers Word ou traitement de texte compatible), mais la version gratuite permet, via une astuce que je publierai prochainement, de pallier cette limite.

Pour autant, puisqu'il s'agit ici d'aider chacun à trouver chaussure à son pied, je ne peux que conseiller des logiciels de conception de diagrammes, qui par certains aspects se rapprochent beaucoup de l'usage qu'on peut faire des cartes mentales. Pour un auteur, cela est intéressant pour visualiser des liens de cause à effet, ou des réseaux de relations interpersonnelles, qui, fort poétiquement, peuvent s'apparenter à des circuits électroniques...
Un des plus répandus est VUE :
suivi de yEd

Si cela intéresse du monde, je publierai par la suite des précisions sur ce domaine.

05/06/2012

Mon outil inséparable : EVERNOTE

Je fais la pub d'un logiciel parce que c'est le plus génial depuis l'invention du traitement de texte et du tableur : Evernote. Pourquoi ? J'en parle plus longuement ici, sur leur site.

Evernote est disponible gratuitement sur Mac, PC, Web et Smartphones, à télécharger ici :
Evernote.com

29/05/2012

Cannes, censuré


La censure ne s'applique pas à des faits ou comportements répréhensibles qui auraient eu lieu à Cannes (on peut s'en réjouir ou le déplorer, selon la tournure d'esprit) mais plutôt —et c'est une bonne nouvelle— en raison de l'extrême intérêt des rendez-vous professionnels qui y ont eu lieu. Un des projets U.S. en développement entre, après un an et demi d'efforts, dans une phase supérieure. Cela peut ne rien donner, mais cela peut aussi marcher. D'autres projets sont en attente de financement et d'autres encore en écriture : tous sont soumis au secret. Les messages sur cette page risquent de devenir absurdes : "il se prépare des choses, mais nous ne pouvons rien vous dire", c'est un obstacle à la communication...

08/01/2012

"LE CONCERT" reste parmi les plus gros succès français dans le monde

Unifrance (organisme de promotion du cinéma français dans le monde) évoque dans son dernier rapport les plus gros succès français dans le monde : 2011 n'a pas fait mieux que 2010, et le Concert reste dans le top 3 des films français ayant remporté le plus grand succès mondial, avec 2,3 millions de spectateurs dans le monde, ce qui le porte à 4,13 millions au total. C'était mon premier scénario, et cela fait maintenant 12 ans. Depuis, une autre dépêche dans la presse a retenu mon attention, et je ressens la même chose qu'en août 2000, en lisant ces quelques lignes évoquant cet orchestre russe...









18/12/2011

3e film à franchir la barre des 1,25 millions au Box-Office


Après LE CONCERT et INCOGNITO, BIENVENUE A BORD est mon 3e long-métrage comme auteur à dépasser les 1,2 millions d'entrées au box-office, puisqu'il arrive à 1,42 millions. Si Bienvenue à Bord était pensé et voulu comme une comédie très grand public, Incognito et surtout le Concert furent de grosses surprises, avec respectivement 1,26 millions et 4,13 millions de spectateurs dans le monde.

Je suis en tout cas toujours plus certain de mon plaisir à faire du cinéma populaire, avec toute l'exigence possible : cela ne semble contradictoire qu'à ceux qui n'ont jamais écrit un film de leur vie : les films les plus difficiles à écrire sont souvent les plus boudés par la critique, ou considérés comme "faciles"...

01/12/2011

Made in Patagonia & Atacama



Eric Lavaine et moi avons poursuivi notre travail sur notre 5e film chez moi, entre l'extrême sud de la planète (Détroit de Magellan et Terre de Feu) et les déserts de l'altiplano (Atacama est le désert le plus sec du monde, à la frontière avec la Bolivie et l'Argentine). Nous avons donc écrit dans une oasis altiplanique et la douceur du printemps chilien : il faut bien que le métier d'auteur ait des bons côtés. Le film, une "comédie dramatique mais comédie quand même", ne ressemblera à rien de ce que nous avons fait jusqu'à présent, et parlera de l'amitié, des derniers grands changements, et d'une bande de potes qui se redécouvre.  

12/04/2011

"LE CONCERT" : 2e PLUS GROS SUCCES EN FRANCAIS DANS LE MONDE


Avec 16 millions d'euros de recettes dans le monde (soit 2,5 millions d'entrées), le film arrive juste derrière "Adèle Blanc-Sec" (*). Son succès a battu des records pour le cinéma français dans plusieurs pays, dont le Japon et Israël (2e plus gros succès depuis 5 ans)

Histoire Originale : Héctor Cabello Reyes
Collaboration à l'écriture : Thierry Degrandi
Adaptation et dialogues : Matthew Robbins, Radu Mihaileanu et Alain-Michel Blanc
Réalisation : Radu Mihaileanu
Production déléguée : Productions du Trésor
Distribution : EuropaCorp
Ventes Internationales : Wild Bunch

(*) Ce classement prend en compte les films en langue française et non les productions françaises en anglais (comme "Ghost Writer" ou "Sans Identité")

26/12/2010

Nomination aux Golden Globes pour LE CONCERT


Après les César et le Prix Louis Lumière, voici les Golden Globes qui nominent cette histoire incongrue et pourtant vraie que j'ai eu la chance d'écrire il y a maintenant plus de 10 ans, en août 2000. Le sous-marin Koursk disparaissait, j'étais seul dans ma vie, et je ne savais pas que celle-ci allait changer...

25/10/2010

4 millions de spectateurs pour LE CONCERT dans le monde



Le film continue sa carrière dans le monde, 1 an après sa sortie en France. Pour ce petit film créé sur le coin d'une table dans un bureau, où je griffonnais et où j'ai vu dans un entrefilet du "Monde" une dépêche AFP de quelques lignes, l'histoire se poursuit jusque dans les coins les plus reculés de la planète, avec des surprises : la Nouvelle Zélande a autant vu le film que les Etats-Unis, ce qui est beaucoup pour l'une et très peu pour l'autre...

07/09/2010

La direction d'écriture : un réel changement


Pour cette rentrée 2010, j'ai le plaisir d'accepter de diriger l'écriture de plusieurs films dont on m'a confié le développement, dans cette fonction si peu courante en France, qu'on appelle "directeur d'écriture", et qui n'est pas du tout la même que le directeur du développement. De quoi s'agit-il ? Je ne vois pas de meilleur parallèle que celui de l'architecte, qui ne taille pas la pierre des parois ni ne coupe le bois des structures, mais définit le travail et en est le responsable. Si on voit l'écriture comme le miroir du tournage, le directeur d'écriture en est le metteur en scène. Il donne la direction, il apporte le premier matériau créatif, il donne tous les axes et le concept, le style et les limites. Il fait le crayonné, l'esquisse du projet. Avec l'aide des auteurs, il affine, rectifie et enrichit le matériau. Il élabore avec eux l'histoire. Puis, avec son aide, ses conseils et/ou ses directives, les auteurs avancent dans le développement du traitement, puis du séquencier, et enfin des dialogues. Le directeur du développement, lorsqu'il existe, représente le producteur, comme je représente les auteurs. Il est l'interlocuteur du directeur d'écriture.
Actuellement, deux cas de figure se présentent : dans le premier (une comédie sur le couple), les auteurs ont apporté un sujet au producteur, et on m'a demandé d'en assurer la direction d'écriture, d'accompagner et aider les auteurs (dont c'était le premier scénario) à écrire leur histoire. Pour cette activité, ma participation seule est nécessaire. Dans le cas d'un autre projet, on m'a laissé liberté de constituer ma propre équipe : le Studio "Ça Va Faire Des Histoires Développement" a été créé spécifiquement pour pouvoir répondre à ce cas de figure, et ce sont des auteurs que j'ai recrutés qui développent le projet que j'ai défini.
C'est un profond changement dans les habitudes et la culture d'écriture françaises, qui m'est sans doute naturel, du fait de mes origines variées : le modèle de l'atelier d'écriture et de la création collective m'est plus qu'un autre familier, pour deux raisons : la première est que je n'ai jamais fait d'anti-américanisme, même sournois et caché, comme j'en rencontre très souvent en Europe. La seconde, plus profonde, est que ma première passion fut et reste le théâtre, où le Théâtre du Soleil, Peter Brook et la création collective qu'ils représentent depuis des années fut mon premier choc artistique. J'y ai consacré toute mon énergie entre 20 et 30 ans, et c'est peut-être pour ça que la dimension solitaire de l'auteur ne m'est pas absolument nécessaire : je la crois en grande partie héritée d'une tradition non-dite, qui associe au fond tout auteur à un Balzac, au sens de solitaire et littéraire (comme beaucoup de choses en France, où on hérite de choses non dites, comme dans les secrets de famille : la République française, abritée dans les palais des rois, peut-elle prétendre avoir rompu avec la monarchie, et par voie de conséquence, d'une forme de résignation du peuple envers ses élites ? Mais c'est un vaste débat, bien loin de la dramaturgie).
Bref : je crois au travail équipe, qu'il soit Européen (j'ai déjà cité le Théâtre du Soleil, Brook, Hergé, Jean Nouvel ou Philippe Starck), Latino-américain (je recommande à tous le magnifique "Cómo se cuenta un cuento", transcriptions de l'atelier d'écriture de Gabriel García Marquez, et sa suite, "Me Alquilo Para Soñar"), ou Nord-Américain (le screenwriter's podcast consacré à Michael Arndt, auteur de "Little Miss Sunshine" est formidable, il y raconte la révélation qu'a été pour lui l'arrivée chez Pixar, et la découverte de l'écriture collective, après les années de solitude. Si on me dit que l'écriture collective est impersonnelle et industrielle, je dirai que je veux bien écrire des films impersonnels et industriels comme "Montres et Cie", "Ratatouille" ou "Là-Haut"...).
Cela correspond donc pour moi à une volonté véritable de vouloir faire bouger les habitudes françaises, et ouvrir la porte à des façons d'écrire différentes (et à la fois très familières dans le cadre des séries TV, où le "show-runner" est quelque chose d'ancien déjà). Le problème n'est d'ailleurs pas tellement du côté des producteurs, pour qui cela correspond à un réel besoin, que du côté des auteurs, encore très habitués au fonctionnement isolé. Au studio, les auteurs sont largement au travail, mais nous sommes déjà en train de former les directeurs d'écriture de demain...

(illustration : "Studio 60 on Sunset Strip", par Aaron Sorkin)

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